Vie politique

Quand le conseiller juridique se révèle activiste politique

4 minutes
8 décembre 2021

ParIsraJ

Quand le conseiller juridique se révèle activiste politique
The Legal Council to the Government, Avichai Mandelblit seen at the International jurists conference in Jerusalem on February 5, 2018. Photo by Yonatan Sindel/Flash90 *** Local Caption *** ???? ????? ????\n????? ????????\n???\n???????

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Le conseiller juridique Avihaï Mandelblit a confirmé qu'il était davantage un homme tenant un agenda  politique qu'un fonctionnaire juridique soumis à l'obligation de réserve. La chaîne Hadashot 12 a diffusé mardi soir un enregistrement dans lequel le conseiller juridique se livre à une attaque sans précédent contre l'ancien Premier ministre Binyamin Netanyahou, en le qualifiant de "danger pour la démocratie", l'accusant d'avoir voulu "détruire le système judiciaire de l'intérieur" et se présentant en "sauveur du pays" en estimant que "grâce à D.ieu, la démocratie israélienne a été sauvée avec le départ de Netanyahou", sous-entendu grâce à sa mise en examen dont il est l'artisan.

Le timing de ces révélations par la chaîne Hadashot 12 n'est pas fortuit. Alors que le dossier 4000 est en train de s'effondrer au fur et à mesure que les témoins à charge comparaissent à la barre, ces révélations viennent à point nommé pour faire diversion et noircir une nouvelle fois l'image de l'ancien Premier ministre en l'attaquant par un autre angle. Par ailleurs, Avihaï Mandelblit quitte ses fonctions dans un mois et demi, et tout comme l'avait fait Dina Silber, son ancienne adjointe, il entend frapper un dernier coup et laisser une empreinte avant de quitter la scène.

Mais là n'est pas le plus grave. Avihaï Mandelblit est celui qui a apposé sa signature sur la mise en examen de Binyamin Netanyahou. Il est donc non seulement à l'origine du tourbillon politique dans lequel se trouve le pays depuis plusieurs années mais il sera sans doute à l'origine de l'un des plus grands scandales politico-judiciaires de l'histoire de l'Etat d'Israël.  Une situation surréaliste lorsque l'on sait que Mandelblit est lui-même sous le coup de graves suspicions d'obstruction à la justice dans l'affaire Harpaz lorsqu'il était encore Procureur de Tsahal, en témoignent des enregistrements compromettants le concernant dont une partie est  toujours sous le sceau du secret...que lui seul peut lever! L'ancien conseiller juridique du gouvernement Yehouda Weinstein avait clos le dossier mais uniquement par manque de preuves suffisantes et non par absence de culpabilité, une décision qu'Avihaï Mandelblit avait en vain demandé de rectifier. C'est le fameux enregistrement dans lequel lui-même pestait contre l'ancien Procureur de l'Etat Shaï Nitzan, l'accusant de "le tenir à la gorge" en laissant ce dossier contre lui en suspens.

L'ancien ministre Moshé Nissim, homme d'une intégrité notoire, qui fit partie de la commission de désignation du conseiller juridique du gouvernement, avait déclaré que Mandeblit n'aurait jamais été nommé à ce poste si la commission avait eu en mains tous les éléments judiciaires le concernant.

Sous les gouvernements Netanyahou, Avihaï Mandelblit s'est conduit davantage en opposant au travail gouvernemental qu'en conseiller juridique, en mettant des bâtons dans les roues sur de nombreux projets de loi ou nominations. Curieusement, depuis le mois de juin, il est quasi-silencieux et ne trouve rien à dire à ce qui se passe.

Après cette diffusion, des proches de Binyamin Netanyahou ont écrit : "Voilà des propos messianistes d'un fonctionnaire gouvernemental qui a décidé de remplacer le peuple, pas moins. Mandelblit prouve ainsi qu'il a décidé de faire chuter le Premier ministre Netanyahou et atteste de sa propre voix les propos de Nir Hefetz qui dans son témoignage mercredi a désigné le dossier 4000 de 'dossier politique délirant qui n'aurait jamais vu le jour s'il ne s'était agi de Binyamin Netanyahou'. Il faut rappeler à Mandelblit qu'en démocratie, c'est le peuple qui élit ses dirigeants et non pas le conseiller juridique du gouvernement".

Le député Chlomo Karhi (Likoud) a rajouté: "Mandelblit, qui depuis des longues années sape la démocratie israélienne, tente de faire diversion sur les infractions que lui et Shaï Nitzan ont commises avec le putsch juridique le plus grand de l'histoire d'Israël. Le mandat d'Avihaï Mandelblit sera retenu comme les sept années de vaches maigres de l'Etat juif et démocratique. Pour ses intérêts personnels et pour se libérer de la 'main qui le prend à la gorge' il a créé ici une dictature judiciaire et a mis en danger l'Etat unique du peuple juif. Nous prendrons soin de démanteler ce système corrompu et nous chasserons les membres de ce gang de l'Etat de droit et nous mettrons en place un système sain et intègre, pour la gloire de l'Etat d'Israël".

En tenant ces propos extrêmes et tendancieux, le conseiller juridique du gouvernement a montré qu'il aurait dû renoncer à toucher aux dossiers Netanyahou pour cause de grave conflit d'intérêts.

Photo Yonatan Sindel / Flash 90