Le journaliste Ron Ben Ishaï, spécialiste de longue date des affaires militaires, attribue la poursuite des lancers à la réaction frileuse d'Israël après la série de lancers de mardi, qui ont provoqué une vingtaine d'incendies. Il souligne que la réaction de Tsahal, en bombardant des camps d'entraînements vides, ne correspond pas aux engagement pris après l'Opération "Gardiens des Murailles" avec le slogan "ce qui était auparavant ne sera plus dorénavant".
"Ces réactions ne font plus d'effets depuis longtemps sur les Gazaouis", note le journaliste. Il critique aussi la politique suivie jusqu'à présent qui est de ne pas réagir avec force aux émeutes le long de la clôture de sécurité ou aux lancers de ballons au motif que les dégâts sont mineurs et qu'il ne faut pas pour cela risquer une escalade : "Cette politique est interprétée par le Hamas comme étant de la faiblesse, une baisse de la dissuasion, et c'est l'une des raisons qui ont permis au Hamas et au Jihad Islamique de poser un ultimatum à Israël à propos de ce qui se passe à Jérusalem", rappelle-t-il.
Ron Ben Ishaï poursuit : "La réaction de Tsahal aux lancers de ballons de mercredi a été relativement rapide mais insuffisante. Ses effets sont limités. La réaction aérienne décidée par le Premier ministre Naftali Benett et le ministre de la Défense Benny Gantz est loin de consolider la dissuasion que Gantz et Netanyahou se sont engagés à instaurer et préserver après l'Opération 'Gardiens des Murailles'. C'est même pire. Cette réaction 'lactée' renforce l'équation que le Hamas veut imposer à Israël, en vertu de laquelle si Israël ne cède pas aux exigences islamiques du Hamas à Jérusalem, les Juifs habitant dans le Néguev occidental en paieront le prix matériel et humain. La modification du parcours de la marche des drapeaux est un exemple de cette méthode imposée par le Hamas (...) Ce dernier y a vu une grande victoire et une capitulation d'Israël et son chef, Yahia Sinwar, peut aujourd'hui constater la popularité du Hamas dans la rue 'palestinienne'. il aurait été possible de faire autrement. Par exemple, envoyer des avions après le premier incendie provoqué, avec un avertissement ferme adressé au Hamas. Et si malgré cela Sinwar n'avait pas stoppé ces tirs, une bombe bien ciblée aurait fait comprendre aux chefs du Hamas et du Jihad que les règles du jeu ont bel et bien changé...".
Par le passé, Naftali Benett avait demandé à ce que Tsahal tire sur les lanceurs de ballons . "Si nous avions éliminé les deux ou trois premiers commandos de lanceurs de ballons, nous ne serions pas arrivés à cette escalade. C'est un outil de mort et celui qui l'utilise doit être traité comme un terroriste".
Photo Flash 90