Selon des sources américaines, l'équipe de Joe Biden chargée de la transition en cas de confirmation de la victoire n'est pas à l'unisson sur la question de la politique à suivre face à l'Iran. Deux aspects font certes l'objet d'une quasi unanimité exprimée dans l'entourage de Joe Biden : la volonté de revenir à l'accord de 2015 mais aussi la nécessité d'y apporter des modifications. En revanche, la manière de procéder se sépare en deux "écoles" face à la situation créée par le désengagement américain et l'imposition des sanctions.
La première école, prônée notamment par le secrétaire d'Etat pressenti Tony Blinken, souhaite d'abord la levée des sanctions américaines comme geste de bonne volonté afin de convaincre l'Iran de revenir au respect de l'accord, parallèlement à un retour des Etats-Unis. Dans un deuxième temps, lorsque les deux pays seront revenus dans le sillon prévu par l'accord de 2015, les Etats-Unis demanderont à l'Iran d'entrer en négociations pour un prolongement de l'accord et l'amélioration de son contenu, notamment sur le plan du développement du programme balistique et de l'enrichissement d'uranium.
Face à cette vision, certains dans l'équipe Biden estiment qu'un attitude trop indulgente face à l'Iran serait vouée à l'échec. Prenant acte de la situation créée par l'Administration Trump, ils recommandent de maintenir le levier des sanctions et de conditionner leur levée à l'acceptation par Téhéran de revoir l'accord. Seul le maintien des pressions poussera l'Iran à assouplir ses positions et à accepter d'améliorer l'accord, affirment ces responsables. Cette option n'est pas exprimée publiquement mais elle est proposée par certains hauts responsables.
La première option est évidemment la plus dangereuse et la plus irresponsable compte tenu de l'expérience que l'on a de la duplicité du régime des mollahs et des régimes totalitaires en général. La seconde est plus réaliste mais elle n'est pas soutenue par le prochain secrétaire d'Etat (pressenti) Tony Blinken qui penche pour des gestes envers Téhéran en espérant un retour. Cette option quasi-munichoise serait aussi beaucoup plus longue à étaler dans le temps, un cadeau pour les responsables iraniens qui ont toujours cherché à gagner du temps dans leur course inexorable vers l'arme atomique.
Par ailleurs, un ton nouveau et prévisible se fait entendre dans la probable future équipe face au gouvernement israélien sur cette question. Des critiques se font jour à propos des déclarations répétées du Premier ministre Binyamin Netanyahou et de l'ambassadeur aux Etats-Unis Ron Dermer contre les intentions d'une future administration démocrate de revenir à l'accord nucléaire avec l'Iran. L'ambassadeur a même écrit récemment que la perspective d'un retour à l'accord "l'empêche de dormir la nuit". Selon un responsable démocrate proche de l'équipe de "transition", le nouvelle administration américaine est intéressée à un dialogue avec Israël concernant les modifications à apporter à l'accord mais que ce ce dialogue doit rester "à l'intérieur de la pièce". Il a souligné que Joe Biden n'est pas Barack Obama et que ce n'est pas un hasard que les nominations aux postes à haute responsabilités dans la politique étrangère américaine n'ont pas été donnés aux "hommes d'Obama", selon lui.
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