L'initiative de cette reprise d'un dialogue en reviendrait à Ankara pour une raison purement intéressée : à Ankara on est inquiet de l'arrivée d'une administration démocrate à la Maison-Blanche, qui promet d'être moins indulgente que celle de Donald Trump qui laissait une relative carte-blanche à la Turquie pour des raisons géostratégiques, notamment face à la Russie. Durant la campagne électorale, Joe Biden avait déjà fait des déclarations contre l'attitude de la Turquie.
Comme c'est le cas pour certains pays d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie, les autorités turques pensent qu'un réchauffement des relations avec Israël améliorerait la situation de leur pays face à la probable future administration américaine et réduirait l'isolement croissant de la Turquie sur la scène internationale. "La porte de Washington passe par Jérusalem", pourrait-on dire, tant Israël est devenu un acteur dominant dans la diplomatie mondiale.
Au-delà des considérations diplomatiques, géopolitiques et géostratégiques, cette initiative turque prise par le président Erdogan ne manque pas d'aplomb. Après des années de rhétorique incendiaire anti-israélienne et antisémite, un soutien actif et au grand jour au Hamas et une ingérence inacceptable dans les affaires de Jérusalem, le dictateur turc voudrait maintenant effacer l'ardoise d'un coup de chiffon parce que cela servirait ses intérêts vis-à-vis de Washington. Cette attitude du "sultan" néo-ottoman à l'égard de l'Etat d'Israël est en fait une reproduction fidèle de l'attitude islamique face au Juif dans le cadre du statut du dhimmi : utiliser le Juif et ses aptitudes ou au contraire l'insulter, le rabaisser et le trahir, ceci au gré des intérêts du dominant et du moment.
Si ces pourparlers "secrets" se poursuivent et débouchent sur un réel réchauffement des relations entre les deux pays, il est à souhaiter qu'Israël mette la barre très haut dans ses exigences réparatrices vis-à-vis d'Ankara, après ces années d'humiliations et d'insultes durant lesquelles l'Etat juif a renoncé à son honneur en ne réagissant pas aux multiples vociférations de Recep Erdogan.
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