Vie politique

L'accord de normalisation avec les Emirats : l'analyse de Caroline Glick

3 minutes
21 août 2020

ParIsraJ

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La journaliste Caroline Glick, qui connait très bien la politique américaine, donne son avis sur l'accord de normalisation signé entre Israël et les Emirats arabes unis sous les auspices américaines. La question principale selon elle est la suivante : cet accord marque-t-il définitivement la fin d'une époque, où les "Palestiniens" disposaient d'un droit de veto sur les relations israélo-arabes ou marque-t-il un tournant historique ? La journaliste note que ce veto rendait service aux "Palestiniens", qui ne veulent pas de l'Etat d'Israël, mais aussi aux Etats arabes qui pouvaient ainsi faire diversion sur leurs échecs internes en dirigeant les projecteurs vers le conflit israélo-palestinien.

Les accords de paix avec l'Egypte incluaient un programme d'autonomie pour les Arabes de Judée-Samarie et le roi Hussein de Jordanie ne signa l'accord de paix avec Israël qu'après la signature des Accords d'Oslo avec Yasser Arafat. Mais jusqu'à présent, ces accords ne sont jamais arrivés à une normalisation complète à cause de la "question palestinienne" brandie au Caire comme à Amman.

C'est la raison pour laquelle, explique Caroline Glick, l'accord signé avec les Emirats pourrait constituer un tournant stratégique majeur s'il signifiait la fin du veto "palestinien". Si c'est le cas, il s'agirait d'un coup fatal pour le boycott d'Israël, et le président Donald Trump aura contribué de manière spectaculaire à la paix au Proche-Orient, infiniment plus que ses prédécesseurs qui n'ont pas combattu ce veto mais l'ont bien au contraire encouragé en soutenant les revendications de l'OLP et montrant que c'est Israël qui est le "problème" au Proche-Orient. Donald Trump est le premier président américain qui non seulement ne tient pas compte du veto "palestinien" mais fait tout pour l'annuler.

Mais, et il y a un mais, avertit Caroline Glick : si cet accord inclut l'annulation définitive du plan de souveraineté telle que prévue dans le Plan Trump, alors, contrairement à ce qu'affirme le Premier ministre Binyamin Netanyahou, Israël n'aura pas obtenu "la paix en échange de la paix", mais "la paix en échange de la poursuite du veto palestinien sur les droits d'Israël en Judée-Samarie".

La journaliste reconnaît qu'il y a un certain flou sur cette question : si les Emirats et Jared Kushner laissent entendre qu'il s'agit d'une annulation pure et simple de ce plan, Binyamin Netanyahou et Jason Greenblatt affirment au conraire qu'il ne s'agit que d'un report, ce qui est d'ailleurs confirmé par la formulation en anglais de l'accord signé. Quant au président Trump, il reste évasif sur ce point.

Caroline Glick exprime une certaine inquiétude face à Jared Kushner, gendre du président américain et le principal artisan de cet accord de normalisation. Jared Kushner a des intérêts d'affaires avec les Emirats et ses dernières déclarations semblent indiquer qu'il est bien plus envieux de faire prospérer l'accord signé entre Israël et les Emirats que de faire avancer le Plan Trump et son volet de souveraineté israélienne.

Selon Caroline Glick, si effectivement, comme le dit Jared Kushner, les Emirats arabes ont signé cet accord pour empêcher Israël de procéder à l'extension de la loi israélienne en Judée-Samarie, le gendre du président américains aura gommé l'acquis principal de cet accord qui était de mettre fin au veto "palestinien" dans les relations israélo-arabes. Et au lieu que cet accord aura marqué un tournant historique par une reconnaissance du monde arabe de la présence d'un Etat juif dans la région, Kushner aura contribué à la poursuite de cette situation politique qui perdure depuis 72 ans.

Photo Marc-Israël Sellem / Flash 90