
Le nouvel ambassadeur raconte qu'il a déjà pu sortir de chez lui et se rendre dans des magasins de la capitale autrichienne. "Les allègements décidés par les autorités sont agréables pour la population viennoise et apportent une sensation d'espoir dans les rues de la ville", explique l'ambassadeur qui souligne que les citoyens autrichiens font parallèlement preuve d'une grande discipline quant aux consignes de précautions.
C'est mardi dernier que l'Autriche est devenue l'un des premiers pays d'Europe à entamer un déconfinement progressif, avec notamment la réouverture des magasins dont la superficie est inférieure à 400m2. Une prochaine étape est prévue dès le 1er mai si les résultats sont encourageants sur la régression de la pandémie, l'ambassadeur parle notamment des restaurants, des hôtels et d'une partie du système scolaire.
Tout comme en Israël, le gouvernement autrichien exhorte la population à redoubler de prudence et de précautions dans l'espace public afin de ne pas provoquer un retour en arrière.
Mordekhaï Rotgold, en poste depuis cinq mois, se félicite par ailleurs de l'excellence des relations entre l'Autriche et Israël et de la fructueuse coopération entre les deux Etats sur les plan politique, économique, scientifique, culturelle etc. L'ambassadeur note la ressemblance entre les mesures prises par l'Autriche et celles prises par Israël dès le début de la crise. A ce sujet et comme parenthèse, il convient de rappeler les déclarations du chancelier autrichien Sebstian Kurtz qui avait reconnu que c'est Binyamin Netanyahou qui l'avait "secoué" lors d'une conversation téléphonique et exhorté à réagir rapidement contre la propagation du virus avant que la situation ne devienne incontrôlable. C'est ainsi que les autorités ont également mis en quarantaine des régions entières dans le Tyrol. Mais surtout, cet avertissement du Premier ministre israélien est parvenu aux oreilles de la communauté juive viennoise qui a judicieusement annulé les festivités de Pourim, et seules de rares membres de la communauté ont été touchés. Jusqu'à ce jour, un seul Juif autrichien compte parmi les victimes du Corona.
"La politique appliquée par le gouvernement ainsi que la discipline respectée par la population ont permis de mettre un frein à la courbe de propagation bien avant de nombreux autres pays d'Europe", note le diplomate israélien.
Les deux dernières "sorties" de l'ambassadeur ont été une visite officielle et très émouvante sur le site du Camp de concentration de Mauthausen, en Haute-Autriche, en vue du 75e anniversaire de sa libération (cérémonie prévue pour début mai qui a dût être annulée) ainsi qu'une rencontre politique avec le ministre autrichien des Affaires étrangères Alexander Schallenberg pour un entretien global sur les relations bilatérales israélo-autrichiennes.

Comme le font beaucoup d'autres à travers le monde, l'ambassade d'Israël à Vienne "profite" de cette situation pour développer des activités culturelles au moyen des réseaux sociaux, de rencontres "Zoom", y compris des contacts entre citoyens confinés des deux pays en coopération avec l'ambassade d'Autriche en Israël.
La vie privée de l'ambassadeur et de son épouse est comme tant d'autres perturbée par la conjoncture mondiale: "Mon épouse et moi avons laissé deux enfants et deux mamans à Jérusalem qui ont fêté le séder de Pessah seuls, tout comme nous-mêmes ici à Vienne". Pour l'ambassadeur, la "distanciation sociale" prend une dimension supplémentaire lorsqu'ils s'agit de deux pays différents: "On parle d'allègements, mais il y a un point qui reste encore dans le flou, c'est celui de la reprise des vols réguliers entre les pays. En fait, nous vivons une situation sans précédent dans l'histoire moderne où la plupart des pays ont totalement interrompu leurs liaisons aériennes jusqu'à nouvel ordre. Nous sommes en 2020 et on ne peut plus se déplacer librement en avion. Pour des diplomates israéliens en poste à l'étranger qui tenons à assurer les intérêts de l'Etat d'Israël à l'étranger, nous sommes en fait physiquement déconnectés de notre patrie sans même savoir quand nous pourrons y revenir et revoir nos êtres chers! La prière 'L'an prochain à Jérusalem' que nous avons chantée le soir du séder avait cette année tout sons sens!"
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