Israël

Le commandant de Tsahal impliqué dans les heurts en Judée-Samarie sort de son silence

« À aucun moment, nous n’avons envisagé l’usage de balles réelles », affirme-t-il

3 minutes
2 juillet 2025

ParJohanna Afriat

Le commandant de Tsahal impliqué dans les heurts en Judée-Samarie sort de son silence
Le chef d'état-major de Tsahal, Eyal Zamir, félicite le commandant G. Photo : Tsahal

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Pour la première fois depuis les violents affrontements survenus dans les collines de Benjamin au cours du week end dernier, le commandant du bataillon de réserve 7114, le lieutenant-colonel (rés.) G., s’exprime publiquement. Dans une interview exclusive accordée au supplément hebdomadaire du journal Israel Hayom, il revient en détail sur cette nuit chaotique qui l’a propulsé au cœur d’une vive polémique et d'une campagne de diffamation.

Le haut gradé, qui commande une unité de réserve opérant dans la région, décrit un face-à-face tendu avec des dizaines de jeunes extrémistes désignés comme "jeunes des collines", certains armés de couteaux, qui ont attaqué ses soldats. « À aucun moment, nous n’avons envisagé l’usage de balles réelles », affirme-t-il. « Mes hommes savaient qu’il s’agissait d’une mission face à des Juifs. Je leur ai clairement dit : quoi qu’il arrive, nous n’ouvrirons pas le feu à balles réelles. »

Une escalade rapide

L’alerte a été donnée alors que G. se trouvait encore à table pour le dîner de Shabbat. Un message lui signalait que des Israéliens tentaient à nouveau de s’introduire à Givat Baal Hatzor, une implantation illégale déjà évacuée à trois reprises par les forces de sécurité dans les jours précédents. La crainte : que le groupe pénètre dans le village palestinien voisin de Kfar Mialik pour y provoquer des troubles.

Lors de l’intervention, les affrontements se sont intensifiés : la jeep militaire a été vandalisée, des pierres et des rochers ont été lancés sur les soldats, et l’un d’eux a été brièvement étranglé. « Sur une vidéo, on me voit courir et intervenir, en me raccrochant à un adolescent pour séparer les belligérants », relate le commandant.

Tir de sommation, adolescent blessé

Le pic de violence est survenu lorsque des dizaines d’individus masqués ont attaqué une patrouille stationnée sur l’axe Alon. Pris de court et dans l’incertitude, le commandant de peloton, ne sachant s’il avait affaire à des terroristes ou à des Israéliens, a tiré en l’air pour disperser les assaillants. D’après les premiers éléments, un garçon de 14 ans, posté sur un échafaudage, aurait été blessé.

Dans les premières auditions, le commandant concerné a affirmé : « Ils étaient masqués, ça ressemblait à des terroristes. Pourquoi d’autres Israéliens m’auraient jeté des pierres ? Mais comme je n’en étais pas certain, j’ai choisi de tirer en l’air. »

Une campagne de haine en ligne et un soutien officiel

La diffusion des vidéos samedi soir a provoqué une tempête sur les réseaux d’extrême droite. Dans plusieurs groupes WhatsApp, G. a été traité de « traître » et de « meurtrier ». La tension a culminé lorsque sa jeune épouse a dû quitter leur domicile, trois semaines seulement après leur mariage, en raison de menaces de mort.

L'armée, de son côté, lui a apporté un soutien sans réserve, tout comme le chef d’état-major, le Premier ministre et le ministre de la Défense. Il est également soutenu par la population locale et le président du conseil régional de Binyamin, Israel Gantz.

Le commandant, lui, garde son sang-froid. « Les calomnies ne m’ont pas vraiment atteint. Je sais qu’elles ne sont pas fondées. Mais j’ai eu de la peine pour mes soldats, car nous faisons un travail considérable ici. »

G. souligne l’intensité des opérations menées ces dernières semaines : « Nous sortons d’une semaine entière d’activités profondes dans les villages et les camps palestiinens, en pleine guerre avec l’Iran, pour protéger les implantations. L’objectif est d’éviter qu’elles soient à nouveau envahies sous le couvert d’une alerte, comme le 7 octobre. »