Une ancre taillée dans du calcaire, ornée d’un signe cypro-minoen identifié comme le « CM 102 Variante 7 », a été extraite du fond de la lagune de Tel Dor, sur la côte du Carmel en Israël. Cette trouvaille, présentée par le Professeur Assaf Yasur-Landau de l’Université de Haïfa et une équipe internationale, constitue le premier chargement complet retrouvé in situ d’une cité portuaire de l’âge du fer en Israël.
L’ancre reposait au milieu d’un ensemble rare de jarres de stockage datées de l’Âge du Fer, déposées sur un tas de lest. Grâce à l’imagerie multispectrale, une technique moderne permettant de révéler des inscriptions invisibles à l’œil nu, les chercheurs ont identifié des chiffres hiératiques rouges sur une jarre ainsi que des caractères cypro-minoens sur une autre. Cette combinaison unique de signes chypriotes et égyptiens dans un même chargement témoigne d’une route commerciale directe reliant Dor à Chypre et à l’Égypte dès le XIe siècle avant notre ère, soit bien avant que le royaume d’Israël ne contrôle ce port.
Cette découverte est majeure car il s’agit d’un rare exemple d’artefacts retrouvés in situ dans un contexte maritime, offrant une vision précise des échanges commerciaux et des réseaux économiques de l’époque. Elle confirme que Dor jouait un rôle important dans ce réseau méditerranéen, déjà évoqué dans des textes anciens comme le Rapport de Wenamon, un récit égyptien décrivant un voyage passant par Dor, Phénicie et Chypre, ce qui correspond aux marques culturelles observées sur l’ancre.
Par ailleurs, l’étude documente deux autres dépôts de cargaison plus tardifs, révélant l’évolution des échanges maritimes sur plusieurs siècles, notamment durant les périodes d’influence israélite, assyrienne et babylonienne.
Les fouilles continueront, notamment grâce à l’utilisation d’un sonar à pénétration de sol, qui a déjà permis de détecter des éléments de coque de navire datant vraisemblablement du XIe siècle avant notre ère. Cette avancée pourrait enrichir encore notre compréhension des techniques navales et des dynamiques commerciales de cette époque.
Cette découverte éclaire d’un jour nouveau les réseaux commerciaux complexes qui reliaient les côtes israéliennes à la Méditerranée orientale, et démontre une interaction culturelle et économique intense dès l’Âge du Fer.