Tous les signaux semblaient indiquer que le président français comptait avancer vers une reconnaissance d’un État palestinien à l’occasion de la conférence internationale que Paris organise avec Riyad au siège des Nations unies du 17 au 20 juin . Mais selon The Guardian, des sources diplomatiques britanniques doutent que Macron franchisse réellement le pas.
Cette conférence, organisée sous l’égide de l’ONU, vise à établir une feuille de route pour la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël. Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a confirmé devant le Parlement avoir discuté du sujet avec son homologue français, tout en précisant que Londres ne soutiendrait aucun geste symbolique dénué d’impact concret.
L'opinion dominante au Royaume-Uni est que la France pourrait conclure que le moment n’est pas opportun. Et ce, malgré les déclarations répétées d’Emmanuel Macron ces deux derniers mois sur une reconnaissance prochaine.
Ce ne serait pas une première : en son temps, François Hollande avait également évoqué une telle possibilité avant de faire machine arrière. Emmanuel Macron lui-même y avait songé, avant de reculer, évoquant à l’époque « un manque de consensus diplomatique » ou « un mauvais timing ».
La conférence, intitulée « Faire franchir au conflit un point de non-retour, ouvrir la voie à la fin de l’occupation et à un accord de paix basé sur la solution à deux États », s’accompagne de critiques virulentes de Paris envers Israël. Le président Macron a condamné à plusieurs reprises les actions israéliennes qu’il juge « inacceptables » et a appelé à une reprise urgente de l’aide humanitaire. L’Arabie saoudite a, elle aussi, durci le ton, son ministère des Affaires étrangères accusant Israël de « génocide » la semaine dernière.
À Jérusalem, on craint que la conférence ne génère un nouveau front de pression politique internationale. Une reconnaissance française, même purement déclarative à ce stade, pourrait enclencher un effet domino au sein de l’Europe, notamment en Belgique et ailleurs.
Ce scénario s’inscrit dans un contexte de critiques croissantes adressées à Israël par plusieurs pays européens – dont les Pays-Bas, l’Italie, la France et l’Espagne – principalement sur la question de l’interruption de l’aide humanitaire à Gaza.
Si Paris espérait obtenir une reconnaissance d’Israël par Riyad en contrepartie, le sujet semble désormais hors de portée, en raison de la poursuite de la guerre et du refus israélien de reconnaître un État palestinien dans le sillage du 7 octobre.
Vendredi, Israel Hayom a rapporté que Riyad et Paris pourraient appeler l’ONU à imposer des sanctions à ceux qui s’opposeraient à l’accord qui sortirait de la conférence. Une tentative à peine voilée d’imposer à Israël des mesures conduisant à la création d’un État palestinien.
Un document préparatoire de la conférence affirme que si la responsabilité première pour la résolution du conflit incombe aux deux parties, les événements récents démontrent qu’une implication internationale forte et déterminée est essentielle. Le texte plaide pour un processus « rapide, limité dans le temps et irréversible », débouchant sur la création d’un État palestinien souverain et indépendant aux côtés d’Israël.
Selon ce même document, Israël serait appelé à accepter cette issue sans recevoir en retour une reconnaissance de la part de l’Arabie saoudite ou d’autres pays arabes, celle-ci étant, selon les organisateurs, envisageable uniquement dans un second temps. Le texte affirme également que « les deux parties » portent une part de responsabilité dans les violences depuis le 7 octobre, citant notamment la situation des otages, des familles touchées et des civils de Gaza. Il ajoute que la poursuite de la colonisation compromet sérieusement la solution à deux États, considérée comme la seule voie vers une paix juste.